Une phrase, une seule phrase s’échappe. Une toute petite phrase qui se fait discrète dans un trou d’air. Une phrase qui voudrait vivre sa liberté de phrase. Une petite phrase qui voudrait vivre phrase. Une phrase qui vivrait la nuit. Une phrase qui s’arrêterait. Comme si de rien n’était. Tremblante : jetant ici et là de la poudre de phrase… Une phrase qui saurait se fondre dans le paysage. Une phrase qui saurait se couper en deux. Et se régénérer. Une phrase qui irait toujours plus vite que n’importe quelle autre phrase. Une phrase capable de perdre sa lettre, de se transmuer, de devenir phasme par exemple. Une phrase qui se dresse. Une phrase capable de se terrer d’un trou. Un phrase au fond d’un trou dans lequel nul ne pourrait se glisser. Une phrase capable de miroiter le soleil. De réfléchir une présence. Une phrase capable de faire tourner en rond celui qui la chercherait, jusqu’à ce qu’il se perde lui-même dans la phrase. Une phrase sans attache, sans besoin. Une phrase qui tomberait de la langue chaque fois qu’on voudrait la dire. Une phrase qui vivrait dans l’oreille. Qui sortirait quand ça lui chante. Une phrase qu’on aurait au bout des doigts, comme un couteau, comme un compte suisse. Une phrase libre. Une phrase qui n’aurait pas peur du vide. Une phrase.
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