On croit se rendre au même endroit,
mais d’autres sont déjà loin et haut.
La jeune fille dans le train, en face de moi, à quelques sièges du mien, se tient penchée
Dos penché visage penché, elle
regarde loin.
Elle sourit. Puis se sentirait nostalgique et quittant sa posture penchée
l’inquiétude a envahi son visage elle se mord les lèvres, et regarde entre ses mains avec sérieux.
Et moi ? Et moi je suis assis dans le train de ligne C, qui me conduit au travail. À quelle endroit se situe-t-elle dans ma paume de main, cette ligne ?
J’ai laissé mon fils à l’école ce matin et je le retrouverai ce soir.
Nous sommes le lundi un 7 novembre.
Et le paysage est lui aussi traversé de lignes fermées, qui traversent la lumière, qui la transportent, d’un point vers l’autre.
Elle ne lève plus les yeux. Notre train dépasse un autre train .
Les nuages ne disent rien, sinon le temps qu’il fait, mais les yeux restent ouverts.
Catégorie : Poèmes (Page 8 of 31)
Journal des poèmes
Rien,
Être à sa place ;
Et elle semble une juste place.
Ni le soleil ni les nuages tremblent.
Ils vibrent. Ils ne tremblent
pas. Rien,
mais Rien de plus
pourrait être la lumière
d’une flamme qui danse.
Parfois juste la page suffit. Son contact de chair ou plus exactement sa présence. RIen ne pourrait être ajouté. Ou peut-être l’évocation de sa présence à l’orée du sommeil. Comme une page ouverte et blanche. On vous pencherait. On vous penserait riche. C’est le signe de la félicité.
Rendre son temps plus excitant.
Ici, ce sont les (lents) nuages qui passent devant ma fenêtre.
Je cherche ailleurs :
Accompagner (ce matin) mon fils à l’école.
Je cherche encore :
Allumer une (belle) lampe.
Je cherche en plus :
Voici donc – toute ma richesse !
Je ne pourrai vous rendre la monnaie,
mais un ou des rêves.
Je n’ai pas vu le paysage, à présent qu’il me regarde.
Les trois oiseaux m’ont fixé, derrière les lignes du ciel
À présent que je vois la Seine
Cette part de moi-même – sauvage.
Tant de distractions que
l’essentiel viendrait après, après
la bataille ;
À l’instant de la lente allure, qui fixe l’arrivée à quai,
L’arrivée, l’arrêt.
Nous repartons seuls
Mieux vaut ceci qu’être à plusieurs ?
Mais ce seul, quel est-il,
Retranché de soi,
Retranché de soi-même ?
S’alléger de soi comme d’un dernier vêtement,
Et disparaître.
Le troglodyte mignon n’est plus
Depuis plusieurs jours son chant a disparu
depuis plusieurs semaines
Pourtant mes mots : je fais vivre sa mémoire
Mais mes mots ne disent rien
de lui de son chant de sa mémoire ;
Il faisait son travail
le troglodyte mignon.
Comment se soulager de ce poids
Sur les paupières sur les épaules
Cette carapace cette maison cette mémoire
Comment s’en dévêtir ?
Est-ce que les cailloux,
La vue d’un enfant allège sitôt le poids;
Aucun souvenir en soi n’a la légèreté, son sourire.
Ce sont des cartes postales, pas plus.
Il faut puiser loin et voir la lumière d’un point
Qui ne dit rien ni ne prend,
Qui protège qui ouvre tout
Comme le sable est sable.
Le monde a baissé son volume
Il subsiste un doux brouhaha
L’ombre et la lumière épousent l’écorce d’un platane
Le banc au milieu de la place
Est plus matériel que les passants assis en terrasse
Les directions se croisent sans jamais se toucher
Quel bouquet de fleurs sortirait de deux cœurs qui se choquent ?
Les tables attendent, peu importe qui s’installe
Chacun a sa chance, chacun peut s’arrêter, et voir.
Il y a un trésor dans chaque paupière,
Mais il faut l’ouvrir, et bien se pencher, pour faire tomber l’or.
C’est une chance de s’aimer
Semer ici et là,
Le bruit quand même autour,
Mais les coquelicots
Et l’ombre des feuilles et donc le chemin
tendre sous le soleil de mai.
La difficulté est le feu aux quatre vents,
Tourments tournant,
Mais se concentrer sur la braise.
Laisser le geôlier se laissait rire sur son anneau ;
Ne pas se laisser effaroucher par la rose,
Dans sa posture altière.
Seule la nuit est altière ; les départs de flammes,
Tu seras flamme à ton tour,
et toute parole nourrirait ton bois.
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