Littérature, écriture

Catégorie : Poèmes (Page 7 of 31)

Journal des poèmes 

15.01.2023

Sans se rendre
Sans rendre
Sans se rendre compte
Sans rendre des comptes
La matière jour pose ses feuilles sur le socle du temps
Et les yeux d’aujourd’hui ne sont plus tout à fait
les yeux de demain.
Plusieurs vies se succèdent, l’homme d’hier
n’est plus l’homme du jour.
Pourtant, l’enfant demeure.
Combien de barreaux tiennent-ils à l’échelle,
Combien de vivants souvenirs ?
Un pas de plus, un pas encore.

 

10.01.2023

Venu pour le spectacle.
Les incidents de parcours sont nombreux.
Les volets ne s’ouvrent pas.
Pourtant en chaque instant il est cette possibilité
d’un autre lieu d’un autre paysage,
C’est toujours un événement.
Mais ici le spectacle est déjà rangé : la lumière inonde la scène.
Ici, il fait nuit.
Pourtant en chaque instant la vie est une promesse d’aube.
La vie serait en colimaçon,
Chaque fenêtre resterait close, la suivante attend —
Attention à la marche.

 

05.01.2023

Bien, saluer la foule et la beauté,
Mais de quelle manière ?
Allons voir : je produis “l’état de grâce”…
Certes à présent il n’est plus rien à comprendre, et la beauté transmuée en mystère se tait. Nous sommes sauvés.
Mais ouvrons les yeux : et regardons la situation bien en face des trous
Et, à quoi faire, coiffeur, que dire ?
Construire des ponts, d’une rive à, d’une rive, l’autre ?
Se laisser amadouer une fois encore par l’étoffe d’une femme ?
Avoir la nostalgie des petits riens, – des vivants souvenirs ?
Et si tout ceci n’est plus que lettres, que lointain souvenir, enfouissons-les à nouveau et réarmons le silence.
Et finalement, remercier.

 

28.12.2022

Ecrire peu. Crire peu. Rire beaucoup. Mais de quel rire ? Compter les étoiles. Contempler les distances entre elles. À travers les paupières closes. Je vois le ciel d’étoiles. Je les vois, malgré les murs les villes (, les âges ?). N’est-ce pas notre condition première, ce don de voir ? Nous sommes grands. Et les mots formeraient des éboulis, ou des pierres si l’on retranche l’esprit.

 

10.12.2022

Le froid à tout envahi
C’est l’heure de l’hiver de la dormance
Le monde des humains produit ses bruits qui encombrent. 
À côté de moi, un homme rassure une femme dans son téléphone : “Mais non tu n’es pas dépensière.” Puis : “La prochaine fois qu’on se voit, tu t’habilles sexy.”
L’humain est fat. Mais peut-être la fatuité est-elle le coussin premier sur lequel s’asseoir, quand on sait le fil de notre histoire – fragile, qui pend  dans le néant.   
Une odeur de nourriture grasse envahit le wagon, et toutes les nouvelles encombrantes du monde encombrent. 
“Tu vas kiffer cette photo, ajoute-t-il. Je vais t’envoyer mes objectifs capillaires dans l’ordre en commençant par les cheveux. Quoi, tu ne te rases pas la chatte ? C’est fade, ajoute-t-il, quelques secondes après.”
Mon téléphone sonne. 
Mais il reste la lumière.  
Les yeux rougis, vitreux avinés d’un homme dévisagent le visage d’une femme, puis il la déshabille du regard. Dans le wagon, la voix enregistrée égraine sa litanie de stations. 
Mais il reste la lumière. 
Et ces deux talons hauts. 

03.12.2022

Celui qui est devant la fenêtre,
Tout ceci (qu’il voit) n’a aucune importance
sauf l’urgence de témoigner de cette
non importance :
La ville les passants, le jour.
Et cette non importance est le lieu calme
d’où voir et sentir.
J’écris au dos d’un ticket de caisse
comme j’avais besoin d’un stylo pour ne pas oublier
les premiers mots,
pour ne pas perdre l’endroit.
Et la surface sur le ticket de caisse
est aussi vitale à présent 
que l’espace qui m’entoure,
que les passants dans la fenêtre,
que le lieu calme d’où habiter.
Cette surface qui permet au poème de prendre racines.

 

24.11.2022

Quand une personne s’assoit près de vous il arrive que
Il arrive que
les yeux peuvent rester fermés vous ressentez
sa présence
Un fluide vous traverse le corps, du côté
où la personne est assise, près de vous,
de la cheville jusqu’à la nuque
Et son rire est comme un éclat d’étoile qui vous chatouille l’oreille.
Vous pourriez vous sentir gêné de rester là
assis sans paroles
mais vos corps semblent se connaitre.
Le soleil fait une boule dans le ciel blanc
et dans le ventre.
Je me suis levé, nous nous sommes dits Au revoir
Elle avait un manteau rose dans le ciel blanc,
Et deux mirabelles.

 

« Older posts Newer posts »

© 2024 Raphaël Dormoy

Theme by Anders NorenUp ↑

%d blogueurs aiment cette page :