Maintenir un point
De flottaison, l’identifier
Le reste – Le reste importe peu
Le reste ? Tout
Les contours du monde, du quotidien
Il peut bien rouler tanguer
Le point est là.
Catégorie : Poèmes (Page 11 of 31)
Journal des poèmes
Parfois on ne dit plus rien
On ne pense plus rien
Les mots deviennent une vitre
Et le soleil nous chauffe le corps ;
Quelques reflets subsistent.
Mais nous sommes libres du grand intérieur
Et nous pourrions restes là, souriant
Comme sourirait
une figure en hiver.
Gratter, gratter la surface
Comme on ouvre les yeux.
Enlever le plan d’ensemble, et le remettre :
L’obscurité reste pure.
Prendre les paroles autour de soi, tirer les phrases et les enrouler autour des doigts,
Et faire des doigts eux-mêmes des objets évanescents.
Voir le reflet de l’intérieur, que le tunnel renvoie à l’intérieur
Et faire comme si j’y étais j’y étais pas, avec un sourire en coin.
Délier les événements des causes, et considérer chaque état avec étonnement.
Prendre la pause et faire mine de déchiffrer les affiches (même si la vue baisse)
Considérer tout de même qu’une chaussure cirée est une chaussure cirée.
Tout ceci nettoie un peu la surface,
Même si l’espace reste encombré.
Il y a une suite logique des évènements,
Une acceptation.
La réalité la plus contraignante finit par se transformer en arête,
Et tout ce qui vous entoure est le lac nécessaire.
Des rêves exotiques remontent vers la surface, en petites bulles, lentes,
Comme les ferments même de cet univers.
La liberté tient alors au coup de nageoire.
L’homme s’est mis une couche de pommade pour ne rien penser
Pour ne pas penser à sa solitude
d’être vivant
sur cette Terre.
Des pommades, tout un tas de pommades
pour faire une couche de sens épais.
Malgré cela, avez-vous déjà attrapé un coup de néant?
Ça vous prend comme ça
au milieu de la rue, au milieu d”une chaussée
au milieu de la nuit, en ouvrant les yeux
A la caisse enregistreuse à mesure que les articles avancent sur la tapis,
Et peut-être juste avant “l’idée” de mort, comme quand on regarde la vitre sans voir encore à travers elle.
Tout passe et rien ne passe
Mais parfois il faut fixer ce qui passe
Même si le souvenir est trompeur
Comme un verre sans eau
Sans l’eau qui reflète le paysage tant aimé.
Mais le banc reste le banc, malgré tout là
Le banc hors du banc
Qui ne s’est jamais souvenu de nous
Mais qui nous reconnaitra, et nous accueillera avec le même paysage.
Finalement, je n’ai plus besoin d’aller nulle part
Je suis nulle part
Non dans le chemin tracé des jours
Mais dans l’interstice, quand le segment temporel manque à l’appel
Et qu’il n’est rien d’autre à faire, que d’attendre
Au bord d’une gare, que d’attendre et voir :
Et là : – il n’est rien. Cet instant rappelle d’autres instants,
Un autre lieu, une autre gare
Un ruisseau devant lequel je restais assis tout le jour,
Puis l’asphalte à cette heure presque désert devient ce ruisseau que j’entends
couler nettement
Et mes yeux ébahis contemplent l’espace – pauvre
avec son minuscule bistrot, sa seule voiture arrêtée,
et les passants passant dont une est perdue, mais par dessus tout
Mes yeux contemplent la liberté
(ou l’espace la sienne.)
C’est bien moi ici, c’est bien le privilège du même lieu.
Un lieu où tout est possible,
mais où le possible est retranché de l’action.
Que faire ? Rien. Savourer, sourire, s’inviter s’inventer
Mais déjà, on me klaxonne.
e
Fenêtre ouverte,
prochain arrêt Vigneux-sur-Seine
Le monde s’active : Mouche Conducteur de travaux Pelleteuse
Le monde s’active en moi.
Il est de plus en plus difficile de nettoyer les mots, dans l’eau
de la fontaine et de les faire sécher sur le bord de la margelle.
Chacun devient matière, granuleuse, comme pierre ;
Ou bien tout est-il contenu dans cette seule lettre ?
Comme une fenêtre ouverte.
Autour de moi, les gens chantent.
Ouvrir les paupières pourrait être un acte érotique
comme celle qui fait glisser la serviette à tes pieds.
Je bois les paroles comme des gazouillis,
Et chaque mot est un effort extrême d’une pierre qu’on ne peut plus bouger.
n
l v
e
t
Toujours ce même paysage
L’ –aur–ai-je épuisé ?
Toujours cette nuit, confortable
un luxe – jusqu’à quand ?
Tout tient retient revient d’un équilibre subtil – jusqu’à quand ?
Regarder le paysage qui défile : une conquête simple, la victoire des humbles
Mais si en plus un arbre fleurit, si en plus le paysage se poursuit, la seconde d’après, n’est pas avare de ses richesses ;
Et le poète gagne une virgule comme l’autre une pièce d’or.
Il bruine.
Dans la fenêtre du train, le seconde d’après est l’espoir de la seconde d’avant.
Enfin, enfin.
Je puis dire Enfin.
Enfin, ou presque. Presque enfin.
J’y suis presque, presque
comme le lierre qui toucherait son mur
Ou presque comme le mur qui toucherait le mur.
J’y suis presque
C’est ce presque qui excite.
Un instant, je repartais dans mes pensées
comme un astronaute pris par le mouvement de son pied, en direction des étoiles.
Mais la nature en fleur me ramène ici, légère
Oui ici où chaque objet de l’homme pourrait être saisi comme un mystère.
Il reste des bancs !
Je dis Des bancs, mais le un est un des
qui annonce le hasard et la certitude du nombre.
Ce monde que nul n’apprend à nommer
Il faut le voir pour le croire.
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