Les enfants
Le spectacle
Les enfants
Catégorie : Poèmes à l’enfant (Page 2 of 3)
Faire des selfies avant la mort,
ou regarder le ciel.
Mon fils creuse le sable.
Ne plus être vraiment là :
l’esprit, les coups de trop ; mais hors soi.
Le monde est une épaisse couverture et les arbres du jardin seraient mes poils.
Le monde est une question de distance,
Mon fils m’apporte une pâquerette.
“Soyez terrestre,
élevez-vous”, disent les mouettes.
Les moineaux, à hauteur de ciel,
de nuage, de chaises
veillent au grain : sable ! soleil !
Il me souvient de l’enfant,
ancré, ancré,
mais quel âge a-t-il,
quel âge terrestre ?
qui déroulait son fil, entre ciel et mer
Puis déployait ses ailes,
son cri.
Pour l’enfant, les minutes sont longues. Mais pour celui qui se rend à destination, que valent les secondes ? Que valent les minutes, les secondes, que le train consume dans sa course folle ? Nous allons plus vite que les nuages. Avec mon fils, nous regardons l’heure. Mais les chiffres sur le cadran ont perdu leur pouvoir. L’un succède à l’autre. Avec mon fils, nous regardons les nuages. Chaque nuage pourrait avoir valeur de mesure du temps : où la seconde minuscule se disperse, tandis que la longue heure nous accompagne dans le voyage. L’arrivée et le départ. Nous l’avons fait dans les deux sens. Il n’y a pas de bout. Que faisons-nous de cette attente ? Vois-je les secondes qui s’échappent ou suis-je concentré sur les minutes qui me sépare de l’arrivée ? Somptueuses minutes, somptueuses secondes, amassées dans le ciel, présent que le jour emporte.
un jour d’avril
dans le jardin avec mon fils
bientôt les pivoines
les cloches
les enfants
les balançoires
Tout ce temps perdu
toutes ces années volées
à l’enfance de l’homme
nous marchons dessus, avec mon fils
et nous rions.
Aujourd’hui on est allés voir la Seine
on a mis une bougie
on a vu le cerisier d’hiver
en fleurs
on a regardé les abeilles
on a enserré un arbre
un gros, un grand un petit
on a couru
on s’est cachés,
la veille on a planté un arbre,
la Seine est en crue.
Je voudrais écrire
je voudrais écrire un poème d’amour,
mais mon fils est entre mes bras
Sa tête est collée à ma poitrine
et sa jambe est contre la mienne.
Je voudrais écrire un poème d’amour,
je l’entends respirer.
Aujourd’hui, mon fils faisait des bulles de savon
tandis que je lisais un poème, à voix haute, pour lui
un poème de Brautigan, je ne me rappelle plus lequel
il m’a dit cent fois « je t’aime »
Cent soleils sur ma peau
comme cent kilos naissant des mers.
Ce matin, il a fait toute la famille.
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