Je marche pour rester vivant. Je vais d’un point vers l’autre. Le monde se disloque; le monde est un terrain de jeu: sortir de ses frayeurs. Sans quoi, je finirais comme le monde, dans une cage à poules. Ce sont d’abord des cris, de révolte ou d’indignations. Ensuite c’est le silence. Puis la dislocation. La dislocation prend du temps. Personne ne se rend tout à fait compte. Même si une chose étrange traverse l’esprit, les corps, les villes, semble s’être posée, sans être visible, une chose que les gens traversent, puis contournent. Marchant dans la rue, on ne se rend pas compte. Pas plus que le soleil se souvient de nous. Non le soleil qui vous rôtit la peau, mais celui qui fraie à l’ombre, parmi les herbes que le fruit la fleur contiennent. Bien sûr, ce n’est pas évocateur. C’est comme une pomme, une tomate, une mandarine, ça se croque, c’est tout.
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Le réel est subversif, dis-tu. Comme les fleurs. Tu aurais aimé tout contenir, dis-tu. Comme la branche. Tant pis pour ce qui déborde, soupires-tu. Tu t’émerveilles des morceaux de feuilles que ta main contient, parmi des tickets de métro, et des fourmis, trouvés au fond des poches. C’est déjà beaucoup, dis-tu ; et peu, en levant les yeux. Tes yeux se ferment. L’issue est dans les rêves, dis-tu. On suppose un monde. Le jour comprendra.
Je rêve d’écrire une phrase. Souvent les lettres tombent. Le colorant s’est dilué. Sinon l’idée se perd. Lorsque la phrase est trop longue, lorsqu’elle défie les lois de ma gravité, tout s’effondre. Il reste le début, comme les ronces coupées qui font les bords du chemin. J’ai aussi tenté d’autres formes, mais la phrase est limitée pour imiter le vivant. Une autre fois j’ai fait un feu d’artifices ; une autre fois, un foyer. Je reçus le silence. Il fut un temps où je fus gérant d’une affaire dans une foire. Nous créâmes des miroirs, des miroirs déformants, qui au delà du divertissement ou de l’attraction, faisaient réfléchir sinon traverser. Oh rien de magique, ni de mystique. Il s’agit d’illusions comme ces lettres que l’équarrisseur désosse du langage, de leur chair, pour les montrer crues, au-delà du soutenable. Evidemment, personne ne s’amuse à se faire peur, ça suffit comme ça avec toutes les horreurs du monde. J’aurais rêvé d’écrire une phrase ; finalement, il reste quelque chose d’une pensée, d’un vieux peu ou d’un voeu pieu. Des graines ont été plantées. Le monde est habitué à ces dimensions qui échappent à l’homme. Quelqu’un m’a dit que le poème s’écrivait de lui même. Et que la vie est si capricieuse qu’il fallait beaucoup d’amour, ou d’espérance, pour le voir germer.
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