Certaines zones sont difficiles d’accès. La nuit qui survient est comme une couverture. Chaque bâillement est une épreuve, qui vous enfonce un peu plus dans la nuit ; un peu plus dans le loin ; un peu plus dans l’absence. Chaque bâillement vous fait perdre en force ; il faut le double ensuite pour surmonter le suivant. Le corps est déjà dans les rêves, a déjà basculé. C’est une chute. Durant la nuit, c’est une chute ; comme un courant d’eau qui vient taper les contours de rochers. Le rêve fait jaillir profusion de rêves. En ouvrant les yeux, c’est la mi-nuit : c’est l’obscurité, le grand silence. Le corps se croit régénéré. Le chat alangui sur la couverture ne pipe mot. Son ronronnement invite à replonger la tête dans la taie. Le corps se rendort. Le surlendemain, c’est la même faille : une seconde partie de la nuit aussi riche que la première, avec un débit de rêves qui vous porte à l’épuisement ; avec de drôles d’équations sans résolution possible, qui vous portent jusqu’au petit jour. Les yeux clignent. Le soleil est déjà haut. La maisonnée s’active. Vous sortez du lit, épuisé. Par la fenêtre, en bas, au pied du muret, on peut voir le lavoir ancien, riche de verdure, sec à la lie.
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