De peu de mots faire la terre, le ciel, la mer. Vois mon pouvoir. Être ailleurs, c’est donc que cet ici ne suffit pas ? Ou que cet ici permet d’être ailleurs ? Le bloc vient de bouger, un bloc mal scellé de mots ; l’extraire : « Être ailleurs, c’est donc que cet ici ne suffit pas ? Ou que cet ici permet d’être ailleurs ? » Mais alors, quoi se vêt derrière ce bloc ? Quoi se meut dans cette obscurité ouverte ? Où la main elle-même devient main sans être main, quoi se cache ici comme le bras pénètre sans que bras y soit. Et, quelle est la vertu de ce tapis sur lequel mes pieds, ma main droite, le bout de mes doigts sont posés. Quelle est sa vertu de chose que l’intellect nomme tapis ? Quel est cet ici dans le corps dans lequel le corps interroge cet ici ? Quelle vertu donner aux mots ? Quelle vertu donner à : cette chose qui pose des mots, à cette chose qui tient entre ses mains l’enregistreur. Quelle est cette chose qui à l’aide de l’ouïe de l’œil d’une langue, de cette unité, décide de mettre sur pause l’enregistreur pour connaître, pour savoir quel silence entoure les mots, qui permet de les mettre l’un après l’autre. On comprend que c’est la tension du silence sans laquelle les mots chuteraient, tomberaient, que c’est la tension du silence qui : ouvrage. Et en toute chose, il reste la fascination de ce bloc de mots, mal scellé ; non du bloc lui-même, mais de l’espace noir rendu à cette liberté d’y mettre une main sans main, un bras sans bras, ce trésor d’obscurité comme ceux qu’on découvre parfois dans le mur des maisons anciennes.