Je suis dans le train. Il vient de s’arrêter en gare de Valence. Je retourne à Paris. Virgile est à côté de moi. Il lit un livre et mange un biscuit. Je lève les yeux. Je sais être nulle part. Mais la pression est trop forte le train s’est rempli. Il est beaucoup de bruits. Une fillette colorie un cahier. Bientôt, elle apprendra l’écriture. Et un jour, si elle est courageuse, elle désapprendra tout. La dérive est inouïe entre l’instant où nous sommes et la trajectoire. L’écart est épuisant. J’aimerais rester ici. Mais tout commencerait par une parole. Je ne sais pas ce que montre l’intérieur de mes yeux. Ni l’expression de mon visage. Peut-être ressemblé-je à un rocher tant j’ai fini par taire. Peut-être faudrait-il considérer l’espace lui-même, le train, ne pas abandonner sa structure, et le remplir d’une autre couleur. Comme la fillette qui colorie son cahier bleu. D’autres voient d’autres circonstances : ceux qui voient par delà les astres ; ceux qui voient dans les liens. Mais est-ce insoutenable de voir ici ? Pourquoi oublie-t-on ici ? Et pourquoi le train se prête-t-il à ce genre de manifestation ? J’ai envie de partager mon questionnement avec l’inconnu du train, que nous partagions le même, un instant, l’instant dans un instant, mais aucun inconnu du train ne me regarde dans les yeux. Il sort des bulles de ma bouche.
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